Nous revoici dans une petite période de confinement, vous êtes certainement las de l’actualité. Je vous propose de nous servir de celle-ci pour apprendre quelques trucs, ça vous dit un p’tit « Le saviez-vous » ?
Ce « le saviez-vous » est plutôt d’actualité, même si vous allez voir que le parallèle n’est fort heureusement pas total…Cette anecdote est pour moi un peu spéciale parce qu’elle touche une ville que je connais plutôt bien, la ville de Corbeil-Essonnes.
On y va ? Allez, c’est parti !
Tout commence au Moyen-âge. Les grands moulins de la ville de Corbeil (qui ont depuis été remplacés par son moulin XIXe siècle de 1883) fabriquaient de la farine à partir des céréales produites dans la Beauce et la Brie voisines.
Petit aparté: les grands moulins sont aujourd’hui toujours en activité.
Sous le règne de Saint-Louis, à partir de ces farines, on pétrissait et cuisait un pain qui jouissait d’une bonne réputation et qui était ensuite directement acheminé vers la capitale qui se situe à une trentaine de kilomètres de là.
Ces acheminements se faisaient par la route sur une ancienne voie romaine (la via Agrippa qui deviendra la N7), ou par la Seine depuis des bateaux à fond plat appelés des coches d’eau qui étaient conçus pour le transport de marchandises et la navigation fluviale.
Ils arrivaient pleins de marchandises et repartaient presque vides.
Ces bateaux étaient tirés par des chevaux depuis les chemins de halage. On appelle donc cela des bateaux halés.
Ces bateaux étaient appelés les Corbeillards. Leur nom fut déformé au XIIIe siècle par les Parisiens pour devenir « les Corbillats ». Ce transport de marchandises et de voyageurs perdurera jusqu’en 1812.
Vous allez me dire: « Tout cela est fort intéressant, mais en quoi y a-t-il un parallèle avec l’actualité? C’est alors qu’entre en scène le parallèle avec notre actualité un peu moribonde…au XIVe siècle, en 1348, la peste bubonique fait son entrée à Paris après avoir été signalée dans plusieurs autres villes françaises. (Oui, j’en conviens, on n’en est pas là, mais vous ne pourrez pas nier qu’il y a comme un petit truc mondial bien lourd en ce moment…)
La peste bubonique fait des ravages, elle aura raison de presque la moitié de la population européenne. Et la population parisienne n’échappe pas à ce destin funeste. (Voici un des points de divergence avec notre actualité, merci le progrès de la médecine, de l’hygiène, de la salubrité, etc.)
Paris croule sous les cadavres, les exhalaisons putrides ont envahi l’air, les corps s’amoncellent dans les rues, on creuse à la hâte des fausses communes dans le cimetière des Innocents qui est comme les autres vite saturé, on ne sait plus comment évacuer les défunts.
C’est alors que vint l’idée de réquisitionner les Corbillats pour évacuer les cadavres des victimes à l’extérieur de Paris.
Je ne vous fais pas de dessin, vous voyez bien où je veux en venir. Le nom a par la suite encore été déformé pour devenir notre fameux «corbillard». Il a depuis été conservé pour désigner tous les attelages et véhicules qui transportaient les corps des défunts.
Voici comment un des mots de la langue française actuelle est né. Et vous saurez maintenant pourquoi quand les Italiens, les Espagnols, les Anglais, les Portugais parlent de « véhicule funèbre » ou les Allemands de « voiture à cadavre », les Français ont un mot bien à eux qui est lié à un moment particulier de leur histoire.