Le Musée d’art et d’histoire de l’hôpital Sainte-Anne nous offre une exposition très intéressante avec des œuvres exécutées par ses patients depuis les années 1950.
L’exposition « De l’art des fous à l’art psychopathologique » nous immerge dans l’univers artistique de différents patients.
En effet, dans les années 1950, les psychiatres ont commencé à s’intéresser à l’art-thérapie comme un moyen pour mieux comprendre et soigner les maladies mentales de leurs patients.
Selon, Anne-Marie Dubois, conservatrice de la collection Saint-Anne et commissaire de l’exposition, ils ont commencé à analyser leurs travaux sur la base de certains traits particuliers tels que le vide, l’absence de perspective, la répétition de motifs, etc. pour établir ensuite une corrélation entre ces traits et différents troubles ou différentes maladies telles que la schizophrénie par exemple…
Heureusement que ces personnes n’ont pas vu mes capacités à reproduire une perspective.
Cette rétrospective nous permet de nous interroger sur le terme « psychopathologique » qui était très utilisé par les psychiatres du milieu du XXe siècle.
Cette exposition mêle histoire de la psychiatrie et histoire de l’art. Elle amène à apprécier l’esthétique plutôt que l’univers psy de chaque patient, même si on se pose nécessairement des questions sur leur processus de création… Mais ce que vous trouverez ici, ce sont bel et bien des œuvres qui ont été créées par des artistes dans leur parcours de malade.
Dans la première salle, on découvre des œuvres effectuées par des patients tels que Jean Janès ou Charles Levystone qui avaient déjà un univers artistique avant leur maladie et leur internement et qui avaient fréquenté le milieu artistique de Montmartre ou les Beaux-arts.
On retrouve d’ailleurs une forte influence de Matisse pour le 1er et de Cézanne pour le second. Pascal Durand dont les peintures traduisent un geste précis a lui aussi eu une formation artistique.
Les « malades » ont une technique et un œil qui ne sont pas détériorés par la maladie.
Dans la seconde salle, il s’agit plus d’œuvres de malades qui se sont découvert un goût pour l’art avec les ateliers d’art-thérapie lors de leur séjour psychiatrique et qui ont parfois continué après ou en parallèle de leur hospitalisation (comme c’est le cas de Solange Germain par exemple). Il y a aussi une importante partie dédiée à Charles Schley, un malade atteint de trouble schizophrène dont l’œuvre témoigne d’une grande créativité.
Voici une bien belle exposition qui sortira peut-être un peu des sentiers battus pour certains… À ne pas manquer !